Cette soudaine campagne de raids aériens, qui a fait au moins 10 morts selon les Palestiniens, a été déclenchée au lendemain d'une trêve conclue sous médiation égyptienne après cinq jours de violences, marqués par des tirs de roquettes palestiniennes et des bombardements israéliens.
Le Premier ministre du Hamas à Gaza, Ismaïl Haniyeh, a dénoncé une "campagne barbare" et invité les pays arabes, au premier rang desquels l'Egypte, à intervenir pour y mettre fin.
Le Hamas est une émanation des Frères musulmans égyptiens, qui sont parvenus au pouvoir au Caire dans le sillage du renversement d'Hosni Moubarak en 2011.
L'Egypte a rappelé son ambassadeur en Israël et le président Mohamed Morsi, issu des Frères musulmans, a convoqué le représentant israélien au Caire pour protester contre ces bombardements.
Mohamed Morsi a en outre réclamé une réunion du Conseil de sécurité de l'Onu, tout comme l'Autorité palestinienne qui a évoqué, dans une lettre au président du Conseil, "des agissements criminels et illégaux".
Le ministre qatari des Affaires étrangères, Hamad ben Djassem al Thani, a pour sa part jugé que "ce crime atroce ne doit pas rester impuni".
La Ligue arabe va se réunir samedi au niveau ministériel au Caire pour discuter de ces événements.
L'opération "Pilier de défense" a débuté par une frappe ciblée sur le véhicule dans lequel circulait Ahmed al Djaabari, chef des brigades Ezzedine al Kassam, la branche armée du Hamas.
Quelques instants plus tard, de puissantes explosions retentissaient dans Gaza, projetant dans le ciel des débris et des nuages de fumée. L'aviation israélienne venait de bombarder plusieurs cibles juste avant le coucher du soleil, semant la panique parmi la population.
Le bilan a rapidement grimpé: 10 morts, dont trois enfants, selon le ministère de la Santé, et une quarantaine de blessés. Un bébé de 11 mois et une femme enceinte de jumeaux figurent aussi parmi les personnes tuées.
Des chars israéliens ont en outre bombardé des secteurs frontaliers de Gaza et la marine a tiré sur une position du Hamas.
"MESSAGE CLAIR AU HAMAS", DIT NETANYAHU
Le mouvement islamiste a tiré en représailles au moins quatre missiles Grad sur la ville israélienne de Beersheba, ce qu'il a qualifié de riposte initiale. Les autorités israéliennes ont fait état de dégâts mais pas de victimes.
Cette journée a ravivé le souvenir de l'opération "Plomb durci", quand, fin 2008 et début 2009, Tsahal a d'abord bombardé la bande de Gaza pendant une semaine avant de lancer une offensive terrestre accompagnée d'un blocus maritime. Les affrontements avaient fait 1.400 morts du côté palestinien, 13 du côté israélien.
Le Hamas a déclaré qu'Ahmed Djaabari et un autre homme, un photographe, avaient été tués par un tir de missile israélien sur leur véhicule, réduit à l'état de carcasse en flammes.
Israël a confirmé avoir mené cette attaque, en prévenant qu'elle en annonçait d'autres.
L'armée israélienne a dit dans un communiqué avoir "considérablement endommagé les capacités de tirs de roquettes car des entrepôts de stockage de munitions du Hamas et d'autres organisations terroristes ont été pris pour cibles. En outre, la marine a visé plusieurs installations terroristes du Hamas situées le long du littoral de la bande de Gaza".
Le siège des forces de sécurité intérieures du Hamas a été détruit. Il n'y a pas de victimes car il avait été préalablement évacué. Après la tombée de la nuit, Gaza ressemblait à une ville fantôme, sans circulation ni personne dans les rues plongées dans le noir.
"Aujourd'hui, nous avons envoyé un message clair au Hamas et autres organisations terroristes", a dit le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu. "Et si cela est nécessaire, (les forces israéliennes de défense) sont prêtes à élargir l'opération. Nous continuerons de tout faire pour protéger nos citoyens."
La radio du Hamas a aussitôt lancé des appels à la vengeance. "L'occupant a ouvert les portes de l'enfer", a réagi l'aile armée du mouvement islamiste.
D'autres groupes palestiniens ont promis des représailles. "Israël a déclaré la guerre à Gaza et va devoir en subir les conséquences", a notamment déclaré le Djihad islamique.
L'armée israélienne a dit s'attendre à une telle réaction.
"De mon point de vue, les jours à venir dans le sud (du pays) seront longs", a dit le général Yoav Mordechai, principal porte-parole de Tsahal. "Il va falloir faire preuve de résistance à l'arrière."
ÉLECTIONS
Les communautés du sud d'Israël ont été placées en état d'alerte et les écoles ont reçu l'ordre de rester fermées jeudi. Environ un million d'Israéliens vivent à portée des roquettes relativement rudimentaires des activistes de Gaza, qui se sont toutefois récemment dotés de projectiles plus précis et capables de frapper à une plus longue distance.
Le général Yoav Mordechai a déclaré sur la deuxième chaîne de télévision qu'Israël souhaitait à la fois riposter aux tirs de roquettes palestiniennes des derniers jours mais aussi empêcher le Hamas et les autres mouvements palestiniens de reconstituer leurs arsenaux.
Les bombardements aériens de mercredi ont notamment visé des caches souterraines du Hamas abritant des roquettes de plus longue portée, a-t-il ajouté.
Prié de dire si Israël pourrait envoyer des troupes au sol dans la bande de Gaza, il a répondu : "Des préparatifs sont en cours, et si c'est nécessaire, l'option d'une entrée par voie terrestre est à notre disposition."
Le gouvernement israélien a donné son accord de principe à la mobilisation des réservistes.
Selon son cabinet, le président israélien Shimon Peres a informé son homologue américain Barack Obama au sujet de cette opération. Il a qualifié Ahmed Djaabari de "meurtrier de masse" et a présenté sa mort comme la riposte d'Israël aux tirs de roquettes en provenance de Gaza.
"Israël ne souhaite pas souffler sur les braises mais au cours des cinq jours derniers jours, il y a eu constamment des tirs de roquettes sur Israël et les mères et les enfants ne peuvent pas dormir tranquillement", a dit le président israélien en visitant auparavant la ville de Sderot.
Le Shin Bet, les services de renseignement israéliens, a souligné qu'Ahmed Djaabari était responsable de la prise totale de contrôle de la bande de Gaza par le Hamas en 2007, quand le mouvement islamiste a exclu par la force les combattants du Fatah du président Mahmoud Abbas.
Ce coup de force, un an après la victoire du Hamas aux élections législatives palestiniennes, a entraîné une partition institutionnelle de fait entre la bande de Gaza et la Cisjordanie, toujours tenue par le Fatah.
Toujours selon le Shin Bet, Ahmed Djaabari est aussi le "cerveau" du raid ayant abouti en 2006 à la capture du militaire israélien Gilad Shalit, libéré cinq ans plus tard dans le cadre d'un échange de prisonniers.
Des élections législatives sont prévues le 22 janvier en Israël.
Avec Dan Williams, Crispian Balmer et Ori Lewis à Jérusalem, Ayman Samir au Caire, Guy Kerivel et Bertrand Boucey pour le service français
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